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La Taxe Zucman : Enjeux fiscaux et Patrimoniaux d’un impôt sur les très grandes fortunes

Définition et cadre conceptuel

Proposée par l’économiste Gabriel Zucman, la taxe Zucman vise à instaurer une imposition annuelle de 2 % sur les patrimoines nets supérieurs à 100 millions d’euros. Elle concernerait environ 1 800 foyers fiscaux en France et s’inscrit dans le projet de loi de finances 2026, en réponse aux débats sur la justice fiscale et le financement des dépenses publiques.

Cette mesure se distingue de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) car elle porterait sur l’ensemble du patrimoine net, incluant :

  • Actifs financiers (titres cotés et non cotés, participations en sociétés).
  • Actifs immobiliers.
  • Actifs alternatifs (œuvres d’art, private equity, crypto-actifs, etc.).

Arguments avancés par les promoteurs

  • Rendement budgétaire potentiel : selon les estimations, une telle taxe pourrait générer plusieurs milliards d’euros de recettes annuelles.
  • Équité fiscale : l’idée est de rétablir une progressivité dans la taxation des très grandes fortunes, jugées sous-imposées en raison de mécanismes d’optimisation et d’exonérations actuelles.
  • Effet incitatif : favoriser une réallocation du capital vers des investissements productifs ou durables.

Critiques et limites techniques

  • Évaluation du patrimoine : la valorisation des actifs non cotés (sociétés familiales, participations non liquides) reste particulièrement complexe et sujette à contestation.
  • Risque d’exil fiscal : une imposition jugée confiscatoire pourrait inciter certains contribuables à transférer leur résidence fiscale hors de France.
  • Double imposition : les revenus du patrimoine (dividendes, plus-values) sont déjà soumis à la fiscalité sur le revenu (PFU ou IR), ce qui poserait la question d’une taxation cumulative.
  • Attractivité économique : dans un contexte international concurrentiel, l’introduction d’une telle taxe pourrait réduire la compétitivité de la place financière française.

Impact patrimonial : quels enjeux pour les contribuables concernés ?

Si la mesure venait à être adoptée, elle aurait un impact structurant sur la gestion des très grandes fortunes :

  • Structuration patrimoniale : arbitrage entre détention directe et indirecte (via holdings, fondations, trusts);
  • Transmission : anticipation renforcée pour réduire l’assiette imposable future (donations, démembrements);
  • Internationalisation : réflexion sur la résidence fiscale et sur la localisation des actifs;
  • Allocation d’actifs : potentiel déplacement vers des classes d’actifs moins taxables ou bénéficiant d’abattements spécifiques.

La taxe Zucman reste pour l’instant à l’état de projet débattu dans le cadre du Budget 2026. Elle illustre toutefois une tendance lourde : le retour d’une fiscalité patrimoniale renforcée sur les très grandes fortunes, après la suppression de l’ISF remplacé par l’IFI en 2018.