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Le Label ISR : Un outil normatif au cœur de l’investissement responsable

Définition et genèse du label

Créé en 2016 sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances, le label ISR (Investissement Socialement Responsable) constitue une certification attribuée aux fonds intégrant des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans leur méthodologie de gestion.

Contrairement à un simple engagement déclaratif, le label repose sur un processus d’audit indépendant visant à garantir une cohérence entre la stratégie d’investissement et les objectifs extra-financiers affichés.

En 2025, près de 940 fonds bénéficient de ce label en France, couvrant toutes classes d’actifs (actions, obligations, monétaire, diversifiés, immobilier via SCPI labellisées).


Les critères techniques du label

La version récente du label ISR (dite V3, entrée en vigueur en 2024-2025) a renforcé ses exigences :

  • Méthodologie ESG structurée : intégration des critères extra-financiers dans l’ensemble du processus d’investissement (sélection, suivi, reporting).

  • Seuil d’exclusion sectorielle : retrait progressif des entreprises les plus exposées aux énergies fossiles et aux activités controversées (charbon, tabac, armement non conventionnel).

  • Notation extra-financière : obligation pour le fonds de démontrer une surperformance ESG moyenne par rapport à son univers d’investissement.

  • Exigences de transparence : reporting extra-financier renforcé, publication d’indicateurs chiffrés (intensité carbone, pourcentage de dialogue actionnarial, indicateurs sociaux).


Avantages pour l’investisseur averti

  • Réduction du risque extra-financier : les fonds labellisés intègrent une analyse ESG qui peut limiter l’exposition à des risques climatiques, sociaux ou de gouvernance.

  • Standardisation du marché : le label apporte une grille de lecture commune dans un univers où les méthodologies ESG sont multiples et parfois opaques.

  • Diversification de l’offre : disponibilité croissante sur de nombreuses enveloppes patrimoniales (assurance-vie, PER, comptes-titres, SCPI ISR).


Limites et points de vigilance

  • Hétérogénéité des approches : tous les fonds labellisés n’utilisent pas les mêmes méthodes d’analyse (best-in-class, exclusion, thématique). Le label garantit la cohérence du processus, mais pas l’uniformité des pratiques.

  • Absence de garantie d’impact : contrairement au label Greenfin, le label ISR ne requiert pas que les investissements financent exclusivement des activités durables ; il mesure une démarche de gestion plus responsable, non un impact direct.

  • Multiplication des labels européens : coexistence avec Greenfin (France), Towards Sustainability (Belgique), FNG (Allemagne), ce qui peut brouiller la lisibilité pour les épargnants internationaux.

  • Risque de “label washing” : certains fonds peuvent viser le label avant tout pour des raisons commerciales, d’où la nécessité d’une analyse qualitative complémentaire par le conseiller en gestion de patrimoine.


Conséquences patrimoniales et réglementaires

Pour les gestionnaires de patrimoine :

  • Le label ISR constitue un outil de sélection et de communication auprès des clients souhaitant aligner leur épargne avec des valeurs de durabilité.

  • Il s’inscrit dans un cadre réglementaire européen plus large (SFDR, taxonomie verte, CSRD), qui impose de plus en plus de transparence sur la durabilité des produits financiers.

  • Dans le conseil, il peut être mobilisé comme élément de preuve du respect de l’obligation de connaissance client (MiFID II, directive européenne), notamment pour répondre aux profils investisseurs sensibles aux critères ESG.


En conclusion, le label ISR s’impose comme un repère incontournable, non seulement pour les particuliers désireux de donner du sens à leur épargne, mais aussi pour les conseillers en gestion de patrimoine qui doivent composer avec un univers réglementaire et extra-financier de plus en plus complexe.

S’il constitue un filtre efficace, il doit toutefois être analysé avec discernement : le travail du professionnel reste indispensable pour sélectionner, au-delà du label, les fonds dont la démarche ESG est réellement robuste et adaptée à la stratégie patrimoniale du client.